Le referendum concernant la fusion n’est pas innocent dans
le cadre des relations sociales.
Il n’y a pas de doute : la question de la fusion
partage les esprits, d’une manière un peu plus ou un peu moins virulente, selon
les points de vus adoptés et les arguments considérés comme pertinents.
Heureusement que les partisans et les opposants ne s’affrontent pas (encore)
dans un combat à mort. Et puis il reste les indécis et ceux qui s’en foutent
royalement. Toutes les positions sont légitimes dans un État démocratique.
Encore faudra-t-il définir ce que c’est la démocratie. Une chose semble
certaine : la démocratie réelle ne diminue pas en importance dans un
contexte où la participation citoyenne augmente. Mais il y aussi des
démocraties factices où les élus agissent un peu plus ou un peu moins en
despotes, sans considérer vraiment leur base.
S’il y a des positions différentes, il n’en reste pas moins
qu’à l’issu du referendum, seulement 2 états sont possibles : il y aura
fusion ou il n’y aura pas fusion.
Mais quel que soit le résultat, la vie va continuer. S’il y
a fusion, celle-ci n’entrera en vigueur qu’en 2018.La vie communale actuelle
devra continuer en attendant cette échéance et il serait dommage dans ce cas de
ne pas utiliser les 3 années à venir pour travailler sur la préparation de la fusion,
car il y aura un gros travail à faire. Par ailleurs, la vie communale ne pourra
se permettre de ne pas continuer à se développer en attendant 2018. D’un autre
côté, s’il n’y a pas fusion, la vie communale devra aussi se développer et
évoluer pour continuer à offrir au citoyen une qualité de vie raisonnable. Mais
ce ne sera plus dans un contexte « toutes choses par ailleurs » car
le referendum aura créé un nouveau contexte, ne serait- ce parce qu’il aura mis
à jour peut-être un certain nombre de problèmes (plus ou moins) latents. Il y a
aussi le risque que le referendum ait créé des fossés plus ou moins profonds
qui ne seront pas comblés du jour au lendemain. La vie ne pourra pas vraiment
continuer comme avant.
Il pourrait y avoir éventuellement quelques problèmes si le
referendum est positif : est-ce que tous les acteurs politiques, plaidant
actuellement pour la fusion, seront encore disponibles dès 2015 et surtout
après 2018 pour relever le défi d’organiser et d’optimiser une future commune
de fusion. Ce chantier sera gigantesque et sa réalisation ne se fera pas toute
seule. Car il ne suffit pas de mettre un train sur les rails et de sauter de la
locomotive en cours de route. Par ailleurs, la commune de fusion ne prendra sa
vitesse de croisière selon les règles de l’art qu’en 2029. À ce moment, les
acteurs actuels de la fusion auront 15 ans de plus. Il s’y ajoute un autre
problème. Supposons que certains acteurs politiques importants d’aujourd’hui
font des promesses concernant certaines positions comme par exemple que
l’administration centrale sera à Larochette mais que les anciennes communes de
Fischbach et de Nommern vont disposer de « Biergerämter » (pour
combien de temps après la fusion ?). Une autre position des responsables
politiques actuels consiste à affirmer qu’il n’y aura pas d’école centrale
(dans quelle mesure une « autre » organisation scolaire ne
risque-t-elle pas d’affaiblir cette position ?). Que valent ces
positions/promesses si certains des acteurs principaux actuels ne se présentent
plus en 2018. Est-ce que la nouvelle équipe sera tenue à ces
positions/promesses. Il faudrait voir dans quelle mesure la convention peut
donner des assurances dans ce contexte. Au 29/9/2014 elle n’était toujours pas
publique. Le referendum aura donc créé
un potentiel de conflits sur maints plans.
C’est une des raisons pour lesquelles la confrontation des
arguments devra se faire avec décence, dans l’honnêteté et le fairplay,
d’autant plus que cet échange des positions se fait avec un certain
déséquilibre des moyens. Les partisans de la fusion disposent de plus de moyens
financiers publics que les opposants qui en sont totalement démunis et qui doivent
fonctionner avec des moyens du bord réduits.
Il faudra aussi éviter des excès de comportements
(déclarations, confrontations verbales et autres conduites) pour ne pas
infliger des blessures irréparables, créant des fossés qui ne pourront être
comblés ultérieurement, alors que les personnes continuent à se côtoyer et à
cohabiter dans un même environnement, à moins qu’ils préfèrent déménager.
Et puis il y aura le danger que des personnes déçues (quel
que soit le « camp » actuel), s’étant bien engagées dans la vie
communale avant le referendum (que ce soit sur le plan politique ou au niveau
des associations ou autres plans sociaux), se retirent de la vie communale.
Celle-ci risque de s’appauvrir au lieu de s’enrichir.
Il est difficile de faire un pronostic sur l’issu du
referendum. Il est vrai que cette ambiguïté ressortait aussi déjà de l’enquête
de TNS-ILRES en 2009, avec cependant des nuances de tendances selon les
communes concernées. Depuis lors, de l’eau est passée sous les ponts et il
faudrait réactualiser ce sondage pour pouvoir analyser s’il y a eu une
évolution sensible dans un sens ou dans l’autre.
À l‘époque, les avantages d’une fusion ne ressortaient pas
clairement de ce sondage et le citoyen semblait plutôt satisfait de sa qualité
de vie dans les communes respectives. Cependant la tendance en faveur d’une
fusion était plutôt forte dans la commune de Larochette.
Mais il est vrai qu’il y a plusieurs façons de lire ces
résultats, chacun le faisant évidemment à sa manière, avec ses filtres
personnels, et pour ne pas dire, avec ses préjugés.
L’impression personnelle varie aussi selon les personnes
qu’on fréquente. Si l’adage « qui se ressemble s’assemble » est vrai,
il y a le risque d’un auto-renforcement car les opinions opposées externes véhiculées
sont moins discutées au sein du propre groupe d’appartenance même. Il faudrait
que les opposants et les partisans d’une fusion se rencontrent plus intensément
dans des débats constructifs pour mieux faire la part des choses.
Dans ce sens, il est dommage que les différents blogs
n’aient pas été utilisés un peu plus pour échanger des arguments
contradictoires par le biais des commentaires.
Supposons cependant que la fusion foire. Il y aurait
évidemment des raisons pour cet échec.
Disons d’emblée qu’une des raisons pourrait consister dans
le fait que les citoyens sont en gros satisfaits de la manière comment leur
commune fonctionne et qu’ils ne voient pas ce qu’une fusion pourrait apporter
comme plus-values. Ceci constitue un hommage évident aux travaux des instances
politiques, des services communaux et des associations, ces dernières n’ayant
pu se développer qu’avec le support et l’appui des instances politiques. Dans
ce sens, les politiciens ne sont nullement désavoués, bien au contraire. Il y a
de fortes chances que cette raison soit partagée par pas mal de monde car on
entend souvent « Mir hunn alles wat mir brauchen an ech gesinn nëtt an fir wat mir eng Fusioun bräichten».
Il se peut aussi que certains pensent qu’une fusion peut
faire perdre de la qualité de vie. En effet, une plus grande commune peut aussi
avoir comme conséquence que le dénominateur commun devienne plus défavorable.
Il est fort possible aussi que certains aient peur du
changement dans le style « Ech weess wat ech hunn an ech weess net wat ech
kréien ».
Cependant il n’est pas exclu tout simplement que certains ne
soient pas d’accord avec la démarche politicienne dans le cadre de la fusion et
que cela constitue une raison suffisante pour voter contre une fusion. Le
sous-entendu pourrait être que ces personnes se disent : si la politique
nous traite ainsi avant la fusion, comment va-t-elle nous traiter après la
fusion ?
Finalement, il se peut aussi que les arguments invoqués pour
une fusion ne convainquent tout simplement pas.
Et puis, il y peut y avoir un mélange des différentes catégories
de raisons.
Quel que soit l’issu du referendum, il serait intéressant
qu’une nouvelle analyse soit faite par après sur base d’un sondage car les
résultats pourraient être intéressants pour orienter la future politique
communale. Tout incident/échec est toujours une chance pour améliorer la
situation. Il faut évidemment saisir cette chance et ne pas aller bouder dans
son coin. D’ailleurs le sondage de 2009 relevait déjà certains points ressentis
comme faiblesses. Encore faudrait-il analyser dans quelle mesure les attentes à
la base de ce sentiment d’insatisfaction sont pertinentes et justifiées. Une
attente excessive et irréaliste est toujours difficile à satisfaire, mais vient
toujours à point pour critiquer le camp opposé.
Pour l’instant, on a l’impression que la fusion est une
opération « TOP-DOWN ». Qu’il y ait fusion ou non (mais surtout en
cas d’échec), il faut se poser la question si les instances politiques ne
devraient pas intensifier (encore (un peu) plus ?) une démarche
« BOTTOM-UP » dans la future vie communale en incluant plus
intensément (encore ?) les citoyens dans les démarches/processus/décisions
communales, sous réserve évidemment que les citoyens veulent bien consacrer du
temps personnel à la vie communale, ce qui n’est pas sûr non plus. Encore
faudrait-il savoir si c’est le rôle de la politique de faire la promotion de la
participation citoyenne si celle-ci ne semble pas être voulue par les habitants
(argument invoqué par moments par la politique). Si elle le fait cependant, on
ne pourra pas lui reprocher de ne pas avoir fait le nécessaire. Mais une telle
démarche de participation citoyenne, relancée par la politique, ne pourra inciter
le citoyen à la collaboration que si elle est ressentie comme crédible.
Ces actions (intercommunales ou non) peuvent se faire sur des
points précis par des groupes de travail, incluant plus intensément le citoyen,
peut-être dans le cadre des commissions consultatives ou autres organes comme
par exemple des groupes de travail élargis des commissions, ouverts au citoyen
non-membre. Cette approche pourrait être à la base d’une mosaïque collaborative,
intercommunal selon les opportunités, qui se complète et s’élargit avec le
temps et crée de facto une collaboration (inter)communale intensive. Un exemple
pourrait consister sur le plan intercommunal à planifier/créer un réseau de
pistes de vélo pour relier un peu mieux les trois communes en utilisant au
maximum les infrastructures disponibles. Peut-être que quelques petits
aménagements suffisent pour atteindre cet objectif. Un autre point pourrait
consister à intensifier encore la collaboration entre les corps des
sapeurs-pompiers des 3 communes Filano. Il pourrait aussi être jugé opportun de
créer une plateforme électronique de communication des associations des 3
communes pour centraliser les informations publiques sur les activités,
événements, objets sociaux et autres points. Les sujets sont inépuisables. Il
faudrait analyser le sondage de 2009 ainsi que toutes les questions soulevées
avant la période du referendum pour établir un plan d’action et voir comment on
peut organiser ces travaux avec une participation citoyenne plus intense, que
ce soit sur le plan intercommunal ou simplement communal.
Une telle collaboration créerait une autre atmosphère peut-être
(encore ?) plus conviviale et le débat de l’utilité d’une fusion, en cas d’échec
au referendum, pourrait être éventuellement relancé ultérieurement suite à une
telle collaboration dans les prochaines années. Par ailleurs, une telle
démarche aurait comme résultat qu’une fusion possible ultérieure (ou toute autre
forme collaborative intercommunale) ait été préparée, que les travaux à faire seront
déjà à moitié faits à ce moment et que l’acceptance soit devenue plus grande
parce que la peur de l’inconnu a diminué. Mais il se pourrait aussi que la
réussite d’une telle approche bottom-up collaborative intercommunale montre
tout simplement l’inutilité d’une fusion tout en augmentant par ces démarches
systématiques la qualité de vie des citoyens des 3 communes (pourquoi ne pas
inclure dans ce cas d’autres communes dans cette démarche comme par exemple Heffingen
et Medernach), tout en préservant le caractère local des différentes communes.